La collection d'objets sacrés fait-elle polémique dans le milieu des croyants ?
Certainement, beaucoup considèrent que ces objets-là doivent rester dans le milieu ecclésial pour le service cultuel, mais bien plus que cela, la controverse sur la collection d’objets d'art sacré est causée par le nombre considérable de cambriolages d'églises en France. Il y a environ 200 objets volés par an. Beaucoup de pièces de qualité volées ont été retrouvées en Belgique. Il est toujours très intéressent de lire le compte rendu sur le lien de l'église catholique :
Les collectionneurs, marchands et antiquaires ainsi que les ventes aux enchères d'objets religieux, sont rigoureusement surveillés et contrôlés. Toute personne de bonne foi peut également collaborer avec la police si une pièce douteuse est proposée.
Comment collectionner sans avoir d’ennuis ?
Étant donné que les pièces en salle des ventes sont contrôlées, l’achat en salle des ventes est le moyen le plus sûr de s'en procurer pour sa collection. En revanche, quand vous voulez acheter un objet dans une brocante, aux puces ou à un antiquaire, il faut toujours demander une facture et payer par chèque afin de conserver une traçabilité. Si vous avez des pièces qui proviennent de congrégations religieuses, comme c’est mon cas, ou de prêtres, demandez toujours un justificatif signé avec une description de la pièce. En effet certaines pièces ont été fabriquées en quantité dans les année 1920 et il se peut qu'une pièce volée soit identique à votre pièce non volée...
En revanche, ce qui paraît toujours ambigu, c'est la statuaire ancienne ou haute-époque. Même de nos jours, quand vous avez envie de vous en procurez une belle statue XVème, XVIème ou antérieure en salle des ventes, rien ne prouve que cette pièce n'a pas été volée à la Révolution, au XIXème ou même durant les années soixante-dix où les églises étaient désertes.
Après le concile Vatican II, l’influence du progressisme et des années folles ont beaucoup contribuer à dilapider le patrimoine des objets du culte. Dans mes archives personnelles, j'ai un article d'une revue qui montre un tabernacle d'époque Louis XIV transformé en niche pour chien... Toutes ces manœuvres profanes ne relèvent pas uniquement de la responsabilité des possesseurs de ces pièces. Beaucoup d'églises ont été épurées, le mobilier a été vendu, bien que la loi de 1905 stipule que tout ce qui est antérieur à cette date appartient à l'Etat ou aux communes. Cela dit, un amalgame considérable a eu lieu et demeure entre objets antérieurs et postérieurs à 1905, objets volés et objets non volés mais vendus.
En revanche, le patrimoine qui appartient aux congrégation religieuses n'appartient pas à l'Etat sauf si ceci est classé monument historique. Donc, tout couvent qui ferme a le droit de vendre calices, ciboires, mobilier, ornements à qui ce se soit ou en salle des ventes. Après quelques pressions des autorités ecclésiastiques, certains évêques ont demandé aux congrégations de ne vendre que le mobilier et de conserver les objets sacrés ou de les envoyer pour les missions.
Pour conclure, tout chrétien ayant la foi peut aujourd'hui collectionner un objet sacré de provenance sérieuse, en lui apportant le respect qu'il mérite mais aussi l'appréciation de sa valeur historique ou sentimentale. Beaucoup de familles conservent par exemple un calice d'un oncle évêque ou autre, pour des raisons sentimentales. Pour ma part sans vouloir être indiscret mais pour des raisons d'ordre moral, les quelques pièces que je possède dans ma collection et que je souhaite conserver sont mises à disposition de certains prêtres que je connais pour le service des messes et la beauté de la liturgie. Pour le reste, je tiens à ce que cela soit vendu pour retourner au service du culte. C'est pour cette raison que j'organise au Liban prochainement une exposition pour permettre à des congrégations, des donateurs ou des prêtres de s'en procurer à des prix très raisonnables. Cette démarche n'est pas vraiment à but lucratif mais pour permettre à ces objets, après avoir été restaurés, de reprendre une place digne dans l’Eglise.
Malgré des difficultés inévitables, collectionner des objets d’art sacré demeure un domaine passionnant et enrichissant. Cette passion doit être mise avant tout au service de la beauté de la liturgie et de la sauvegarde du patrimoine religieux.
Nadim CHEAIB