RELIQUES ET RELIQUAIRES

Présenter les reliques est une chose qui n'est pas évidente. Beaucoup de polémiques ont jalonné le culte des reliques, remettant en cause la crédibilité de l'Eglise d'autant plus que personne ne peut prouver l'authenticité ou la fausseté de ce fait. Cela dit, le culte des reliques a toujours été un culte de mystère qui apporte une forme de magie à ceux pour qui la foi est peut-être en manque de cette matière. Néanmoins, cette pensée n'est pas d'actualité, très fournie par le protestantisme (dont le célèbre traité des reliques de Jean Calvin).
Dans le Dictionnaire critique des reliques et des images miraculeuses (Paris, 1821-1822, vol. 3), Colin de Plancy met en cause le culte des reliques : "je ne cherche à combattre que le culte ridicule des objets extérieurs ; et en voyant que ces reliques qui ont reçu des honneurs absurdes ne sont pas même authentiques [...]. Ce n'est pas à moi qu'il faut s'en prendre si St André eut 17 bras et si l'on adora des reliques dont l'idée seule est révoltante."


Commençons par la définition...

Définition du mot relique:


Des reliques ( du latin reliquie qui signifie "restes") sont les restes d'un saint personnage.
Ces restes peuvent être vénérés et conservés. Ces pratiques ont toujours existé dans plusieurs cultes et religions.

Chronologie:

Pour parler de chronologie, cela est relatif, Matthieu évoque dans ses Ecritures le miracle de la dame qui toucha le manteau du Christ. Mais le vrai culte des reliques commença à la seconde moitié du IIe siècle par la vénération des restes des martyrs approuvée par le texte du martyre de Polycarpe.
Plus tard, les orthodoxes y introduisent la présence des reliques lors de la consécration d'un autel. L'Eglise romaine reprendra cette tradition en introduisant des reliques sous la pierre d'autel. Le sens exact ou le symbole provenant de nos frères orthodoxes est : "je vis sur l'autel les âmes de ceux qui furent égorgés pour la Parole de Dieu et le témoignage qu'ils avaient donné".
Au vivant des disciples du Christ, tels que Paul, Dieu opérait, par les mains de Paul, des miracles peu banals, à tel point qu'il suffisait d'appliquer sur les malades des mouchoirs ou des linges qui avaient touché son corps, alors les maldies les quittaient. (Actes des Apôtres XIX, 11-12).

La doctrine de l'Eglise

En 1215, le IVe concile du Latran interdisait le commerce des reliques et la présentation des reliques hors de leurs reliquaires, sans authentification du Pape. Dans le canon 1289 § 1, la vente de toute relique est interdite et il peut même y avoir simonie. Quant à saint Thomas d'Aquin, il indique qu'il est permis, pour sa protection, de suspendre les reliques des saints autour du cou ou de toute autre manière. Pour cette raison-là, les médaillons reliquaires deviendront l'objet de dévotion le plus courant de l'époque. Les reliquaires devaient être dotés d'un certificat surnommé "authentique" afin de certifier leur authenticité. Toutefois ce document devait comprendre le sceau du prélat ou le cachet épiscopal.
Selon le canon 1283 § 2, les vicaires généraux ne pouvaient, sans délégation spéciale, authentifier les reliques, ni un évêque qui ne serait pas ordinaire du lieu.
Les ventes de fausses reliques et leur distribution étaient prohibées et punies ipso facto de l'excommunication. On évitera plus tard de parler des reliques dans le Code droit canonique de 1983, promulgué par le Pape Jean-Paul II. Depuis, nous remarquons que beaucoup de reliques et de reliquaires sont abandonnés ou oubliés dans les placards de sacristie. Après Vatican II, une bonne partie du clergé a dilapidé un bon nombre d'obets patrimoniaux (orfèvrerie, bronzerie, ...), notamment des reliquaires. On en trouve, jusqu'à nos jours, certains de très belle qualité chez des antiquaires.
Au cours des siècles derniers, les relisques étaient souvent conservées dans des armoires appelées "armoires à reliques". Elles étaiaent dans des boites reliquaires nommées lipsanothèques. La collection des reliques est une passion qui attire beaucoup d'amateurs de nos jours mais qui est ancienne. En 356, l'empereur Constance II a voulu sa propre collection de reliques. Pour cela, il lui fut apporté les reliques de saint Timothée et l'année suivante, celles de saint André et de saint Luc.
Pour terminer, à noter que le plus célèbre des trafiquants de reliques de l'histoire fut le célèbre diacre Deusdona qui avait sa propore résidence auprès de la basilique Saint-Pierre aux Liens. Grâce à sa fonction, il arrivait à accéder à toues les zones cimétériales, et en particulier les catacombes des saints Pierre et Marcellin. Il proposa les reliques de divers saints à de hautes personnalités. C'est ainsi qu'il était le fournisseur de reliques qu'il dérobait librement.


Calendrier reliquaire des Saints Martyrs.